Renforçons l'éducation financière des français

Le contexte économique actuel dégrade de manière significative la situation financière et le pouvoir d’achat des consommateurs français. La hausse des prix de l’énergie accentuée par le conflit géopolitique en Europe de l’Est demeure une préoccupation majeure. La France est l’un des pays en Europe qui tente le plus de limiter l’impact de l’inflation en soutenant le pouvoir d’achat. En effet, au cours de ces deux dernières années, le gouvernement français a débloqué 50 milliards d’euros d’aides et prévoit de consacrer 16 milliards d’euros pour limiter la hausse des factures de 15% en 2023 et ainsi soutenir ses citoyens.1 Malgré ces mesures, 76% des consommateurs français affirment que leurs factures augmentent plus vite que leur revenu. Au-delà des mesures politiques proposées, ne faut-il pas sensibiliser davantage les Français dans leur éducation financière ?

De nouvelles typologies de consommateurs sont affectées par ce contexte inflationniste 

En effet, les ménages ayant des revenus moyens, qui jusqu’alors étaient préservés. Dans ce contexte d’incertitudes économiques, les comportements et des habitudes de consommation changent.  

Les « millennials » sont particulièrement impactés et recourent de plus en plus à des solutions de paiement différé. En France, 35% d’entre eux ont affirmé utiliser de plus en plus les systèmes de paiement différé contre seulement 15% des « baby-boomers ». L’utilisation régulière de ce type de solution pourrait engendrer dans le futur des problèmes d’endettement. Déjà 40% des Français disent solliciter des emprunts supplémentaires en cas de difficultés financières. 

Les consommateurs ayant une solide éducation financière sont plus susceptibles de surmonter les périodes économiques difficiles, tandis que ceux qui ne possèdent pas les notions de bases se retrouvent souvent démunis. Ces derniers ne sachant pas quelles ressources solliciter pour obtenir des conseils ou un accompagnement. 

 

Renforcer l’éducation financière dès le plus jeune âge 

La France fait partie des 59 pays de l'OCDE qui disposent d'une stratégie d'éducation économique, budgétaire et financière depuis 2016 (EDUCFI). Toutefois, 41% des Français estiment ne pas disposer de connaissances financières suffisamment avancées pour gérer efficacement leur budget.  

Les pouvoirs publics n’ont-ils pas un rôle à jouer aussi dans l’éducation financière des Français ? En attendant, des accompagnements existent sous réserve de nouer un dialogue de confiance avec les bénéficiaires. Certains organismes permettent déjà de démontrer l’impact et l’utilité de l’accompagnement. La collaboration des sociétés de recouvrement avec des associations engagées dans la lutte contre le surendettement est une démarche qui s’inscrit dans une volonté d’inspirer et de partager le savoir-faire en termes d’accompagnement des ménages fragiles et démontrer que le recouvrement peut se conjuguer avec humanité.  

Il est donc primordial de renforcer l’éducation financière et budgétaire dès le plus jeune âge. L’Éducation Nationale, en particulier, doit allouer plus de ressources à cette problématique. Sensibiliser sur l’éducation budgétaire et financière dans une logique d'échanges, d'inclusion et de responsabilisation individuelle et collective doit conduire au déploiement, vers des publics cible tels que les écoles ou CFA. L’éducation financière a un impact significatif sur la capacité à honorer le paiement d’une facture. Près de la moitié (47%) des consommateurs français dont la culture financière est faible prévoient de ne pas payer une facture énergétique, au moins une fois, au cours des 12 prochains mois. Ce chiffre s’élève seulement à 31% pour ceux qui disposent de connaissances financières avancées. 

 

Une stratégie à ampleur nationale pour renforcer l’autonomie et opérer des arbitrages

Le gouvernement doit agir dans une stratégie à ampleur nationale sans délai pour permettre aux citoyens de renforcer leur autonomie et d’opérer des arbitrages : 

  • Renforcer l’accompagnement budgétaire dans un esprit constructif et en véhiculant la notion de reste à vivre,  
  • Promouvoir les dispositifs d’entraide,  
  • Simplifier l’accès aux aides,  
  • Convaincre les acteurs économiques de clarifier les pratiques contractuelles,  
  • Sensibiliser l’ensemble des citoyens, que ce soit par des ressources accessibles ou une sensibilisation médiatique. 

En bref, améliorer la pédagogie qui est au cœur d’une société où chaque citoyen trouve sa place. Il semble nécessaire de favoriser et d’encourager la responsabilité individuelle des citoyens français afin de leur permettre de mieux gérer leurs finances, de façon autonome tout en prenant les bonnes décisions. 

Enfin, pour endiguer les risques d’impayés, il est nécessaire d’être proactif et agir dès les premiers symptômes de fragilité et nouer un dialogue constructif avec ces ménages en difficulté.  

Par Jean-Louis Kiehl, Président de la Fondaction Césus et Thomas Duvacher, Président Intrum France.

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